Une question revient souvent lorsque que nous expliquons la valorisation à nos clients : « Comment sont déterminés les multiples sectoriels ? ». Question à laquelle il est compliqué de répondre étant donné que ce n’est pas nous qui les déterminons. Ce sont des chiffres publiés régulièrement (tous les 3 – 6 mois) par des cabinets d’études. Ces cabinets d’études publient des tables regroupant les coefficients à appliquer aux entreprises en fonction de leur secteur et de leur tranche de chiffre d’affaires (CA). Les coefficients publiés ne sont pas modifiables car ils sont certifiés par les autorités compétentes. Ils seront utilisés en cas de procédure judiciaire : lorsque la valeur d’une entreprise est trop haute ou trop basse. Les autorités fiscales vont revaloriser avec les bons multiples, et en cas de différence cela va engendrer des pénalités, amendes, etc…
Cet article va donc vous expliquer, le plus clairement possible, comment les cabinets d’études déterminent ces coefficients qui sont si importants à la valorisation d’entreprise.
Dans un premier temps, définissons les coefficients sectoriels : ce sont des chiffres conventionnels servant à estimer une valeur, d’entreprise dans notre cas, en fonction d’une hiérarchie de chiffres d’affaires. Par exemple, si le coefficient du secteur de l’industrie automobile est de 8 sur l’EBE, et que le secteur est découpé en 4 tranches de chiffre d’affaires : les entreprises dans la plus haute tranche de chiffres d’affaires se vendront 8 fois leur CA, la seconde tranche 6 fois, la suivante 4 fois et la dernière 2 fois. Les tranches de CA étant définis en fonction de chaque secteur par les cabinets d’études. Le fonctionnement des coefficients est plutôt simple : on regarde le CA de l’entreprise à évaluer (dans le cas des multiples sur le CA) et on applique le multiple correspondant. Cette méthode est évidemment à compléter avec d’autres méthodes de valorisation pour obtenir un résultat précis.
Passons maintenant à la méthode utilisée par les cabinets d’études pour déterminer les coefficients sectoriels. Tout d’abord, ils sélectionnent toutes les transactions d’entreprises cotées d’un secteur afin d’obtenir un panel de comparaison. Ils utilisent les transactions d’entreprises cotées car elles ont une obligation de publier leurs prix de vente (c’est public). Ce qui n’est pas le cas pour les entreprises non-cotées. Elles publient très rarement leur prix de vente (privé), l’étude de leurs transactions est donc difficile. Le panel de comparaison obtenue, chaque prix de vente est divisé par le CA (ou n’importe lequel des indicateurs cela dépend du multiple recherché) de chacune des entreprises pour obtenir le multiple moyen du secteur. Nous devons ce système aux américains car ce système est une déclinaison de ce qu’a créé la NYSE (New York Stock Exchange) : un système de table basé sur le marché boursier américain.
Voici un exemple de tableau des multiples par secteur (ce tableau est une illustration et ne représente pas de réelles données) :
Maintenant que nous avons les coefficients sectoriels d’entreprises cotées, il nous reste donc à l’adapter aux plus petites entreprises. Il faut alors répartir les sociétés en secteurs puis en tranches de CA. En France, on trouve 16 secteurs d’activité et 17 tranches de CA par secteur. Une décote (en pourcentage) est ensuite appliquée à chaque tranche de CA pour correspondre aux entreprises non-cotées.
Pour conclure cet article, voici un exemple : On cherche à trouver le multiple sur l’EBE du secteur manufacturier en 2023. Une entreprise manufacturière cotée, à un prix de vente de 4 fois son EBE. On a :
Prix de vente = 4 * EBE
On fait la même opération avec tous les prix de vente des entreprises cotées du secteur. On obtient une moyenne de 4. Donc le multiple de ce secteur sera de 4 fois l’EBE. Afin de valoriser par l’EBE une entreprise non-cotée d’une certaine tranche de CA, dont la décote est de 50%, on aura :
Valeur de l’entreprise non-cotée = 2 * EBE
PS :
Voici une vidéo qui complète très bien cet article : https://youtu.be/umv5D3fnJwE?si=1vxVcQ8DJPyfKtGM
Morgann GUELPA
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Bonne nouvelle pour les entrepreneurs