Valorisation des fonds de commerce : L’importance du séquestre du prix de cession ( Partie 1)

Séquestre du prix de cession du fonds de commerce

La valorisation des fonds de commerce est une étape clé dans le processus de cession d’un fonds de commerce. Elle permet de déterminer la valeur économique de ce dernier, ce qui influence directement le prix de cession et les conditions de la transaction. Dans ce cadre, l’importance du séquestre du prix de cession du fonds de commerce joue un rôle crucial. Il permet de sécuriser l’opération et protéger les intérêts des parties, notamment l’acheteur et le vendeur.

Qu’est-ce que le séquestre du prix de cession ?

Le séquestre du prix de cession consiste à placer une partie ou la totalité du prix de vente dans les mains d’un tiers (le séquestre). C’est souvent un notaire ou une banque, afin de garantir le respect des obligations du vendeur avant la libération du montant convenu. Cela permet de sécuriser la transaction en protégeant l’acheteur contre certains risques, notamment les risques de non-respect des engagements contractuels par le vendeur.

Fonctionnement du séquestre dans une cession de fonds de commerce

  • Le séquestre est généralement géré par un tiers indépendant (notaire, avocat, ou banque) et doit être précisé dans l’acte de cession.
  • La montée en séquestre peut être partielle (par exemple, un pourcentage du prix de vente) ou totale. Cela dépend des négociations entre les parties et des spécificités de la transaction.
  • Une fois les conditions de la cession remplies (par exemple, transfert des documents, absence de dettes cachées), le séquestre est libéré en faveur du vendeur. Si des conditions ne sont pas remplies, la somme peut être partiellement ou totalement utilisée pour indemniser l’acheteur.
  • Le séquestre est souvent régi par des clause conditionnelle, prévoyant les cas où la somme sera libérée ou restituée.

Les avantages du séquestre pour chaque partie :

Pour l’acheteur :

  • Sécurisation financière : En cas de problèmes après la cession (comme des dettes cachées, des litiges non résolus, etc.), l’acheteur a un recours direct sur la somme séquestrée.
  • Garantie de conformité : Le vendeur reçoit la totalité du prix de cession seulement s’il remplit ses obligations vis à vis de l’acheteur.

Pour le vendeur :

  • Sécurisation de la transaction : Le vendeur a l’assurance de recevoir une partie de l’argent via séquestre, avec l’engagement de l’acheteur dans le processus sécurisé.
  • Protection contre des réclamations abusives : Le séquestre peut limiter les demandes excessives de l’acheteur après la vente, en fixant un cadre précis pour la libération de la somme.

Pourquoi le séquestre du prix de cession est-il important dans la valorisation des fonds de commerce ?

1. Protection de l’acheteur contre les risques post-cession :

Lors de la cession d’un fonds de commerce, il existe toujours des risques. Entre autres, la non-remise des documents essentiels ou la découverte de dettes non déclarées. Le séquestre permet de garantir à l’acheteur que, si le vendeur ne remplit pas ses obligations après la signature de l’acte de cession, il utilisera une partie du prix de vente pour compenser le préjudice.

Exemple : si le vendeur ne parvient pas à transférer correctement certains contrats ou licences nécessaires au bon fonctionnement du commerce, l’acheteur peut obtenir une compensation financière via la somme séquestrée.

2. Sécurisation des garanties et des engagements :

Lors de la vente d’un fonds de commerce, le vendeur peut donner certaines garanties, telles que l’absence de dettes ou de litiges. En cas de non-respect de ces garanties, l’acheteur peut utiliser le montant séquestré pour se prémunir contre d’éventuelles conséquences financières négatives.

Si, après la cession, l’acheteur découvre certaines informations erronées (par exemple, des dettes cachées ou des litiges en cours), la somme séquestrée peut couvrir les éventuels frais ou pertes liés à ces problèmes.

3. Gestion des litiges ou des désaccords :

Le séquestre peut également jouer un rôle important en cas de désaccord entre le vendeur et l’acheteur, notamment en ce qui concerne le montant du prix de vente ou le respect des clauses de l’acte de cession. Si un différend survient, l’une des partie a le droit d’utiliser la somme séquestrée comme mécanisme de résolution jusqu’à la résolution du problème.

Cela permet d’éviter en effet une paralysie de la transaction, en garantissant que les parties auront accès à une solution temporaire pour résoudre leurs désaccords.

4. Garantir la solvabilité du vendeur :

Dans certains cas, le vendeur peut ne pas être immédiatement solvable ou peut ne pas vouloir recevoir l’intégralité du prix de cession immédiatement pour diverses raisons (par exemple, paiement étalé ou conditions particulières). Le séquestre permet de s’assurer que l’acheteur ne sera pas lésé et que le paiement sera effectué selon les termes convenus.

Cela renforce la confiance entre les parties et contribue à la fluidité de la transaction.

5. Sécurisation des paiements :

Dans le cadre de certaines cessions, le paiement du prix échelonné est mies en place (exemple, un paiement différé ou un paiement en plusieurs tranches). Le séquestre permet d’assurer à l’acheteur que le vendeur respectera les engagements pris dans le cadre du contrat. En cas de paiement échelonné, l’acheteur s’assure du respect des conditions de la mise en séquestre du prix.

Conclusion

Pour terminer, il faut retenir que le séquestre du prix de cession des fonds de commerce est une mesure de protection et de sécurisation qui profite autant à l’acheteur qu’au vendeur. Il permet de garantir que chaque partie va respecter ses obligations et protège contre les risques liés à la transaction. En cas de problème, le séquestre peut servir de mécanisme de résolution. Il apporte ainsi une solution pratique et efficace pour minimiser les conflits ou litiges post-cession.

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Séquestre du prix de cession du fonds de commerce

Un récent arrêt de la Cour de cassation (Cass. com., 4 décembre 2024, n°23-15.786) vient rappeler l’importance cruciale du séquestre du prix de cession d’un fonds de commerce. Cette décision souligne les risques encourus par l’acquéreur qui paierait prématurément le vendeur, et ses implications sur la valorisation des fonds de commerce.

Le cadre légal de la cession de fonds de commerce

La cession d’un fonds de commerce est soumise à des règles strictes de publicité, visant à protéger les créanciers du vendeur. L’article L141-17 du Code de commerce stipule que l’acquéreur qui paie son vendeur sans respecter ces formalités n’est pas libéré à l’égard des tiers.

Les faits de l’espèce

Dans l’affaire jugée, l’acquéreur avait versé une partie du prix dès la signature du compromis. Il a ensuite payé directement au vendeur une partie du solde lors de la réitération de l’acte. Ne séquestrant qu’une fraction du prix.

La position de la Cour de cassation

La Haute juridiction confirme que le paiement effectué avant l’expiration du délai d’opposition des créanciers est inopposable aux créanciers du vendeur. Et ce, qu’ils aient ou non valablement fait opposition (10 jours suivant la publication de la vente).

Implications pour la valorisation des fonds de commerce

Cette décision a des répercussions importantes sur la valorisation des fonds de commerce :

  1. Risque accru pour l’acquéreur : L’acquéreur s’expose à devoir payer deux fois s’il ne respecte pas scrupuleusement la procédure de séquestre.
  2. Nécessité d’une évaluation précise du passif : La valorisation doit tenir compte des actifs, mais aussi des potentielles créances non révélées.
  3. Impact sur les négociations : Les parties devront être particulièrement vigilantes quant aux modalités de paiement du prix.
  4. Importance accrue du rôle du séquestre : Un séquestre fiable avec une mission précise deviennent des éléments clés de la transaction.

Recommandations pour les professionnels

Face à cette jurisprudence, il est vivement conseillé de :

  • Prévoir systématiquement le séquestre de l’intégralité du prix pendant au moins la durée du délai d’opposition des créanciers.
  • Effectuer une due diligence approfondie sur le passif du fonds de commerce.
  • Inclure des clauses de garantie de passif robustes dans l’acte de cession.
  • Sensibiliser les parties aux risques liés à un paiement prématuré.

En conclusion, cette décision renforce l’importance d’une approche prudente et rigoureuse dans la valorisation et la cession des fonds de commerce.

En effet, elle souligne que la valeur d’un fonds de commerce ne se limite pas à ses actifs. Mais, il doit également prendre en compte les mécanismes de protection des créanciers prévus par la loi.

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Liens importants :

Arrêt de la Cour de cassation (Cass. com., 4 décembre 2024, n°23-15.786)

Code de commerce Article L141-17

Le régime fiscal de la cession d’un fonds de commerce

Fiscalité cession fonds de commerce

La cession d’un fonds de commerce consiste à la vente du fonds par le propriétaire à un potentiel acquéreur. Le fonds de commerce est composé de biens matériels et immatériels, sa cession entraine le transfert de propriété de ces biens mais également des conséquences fiscales du côté du cédant et du repreneur. La fiscalité de la cession d’un fonds de commerce est vue des deux parties : vendeur et repreneur. La composition du fonds de commerce :

  • Les éléments corporels : appelés également éléments matériels, ils se composent du matériel, de l’outillage, le mobilier etc.
  • Les éléments incorporels : la clientèle, le nom commercial, le droit au bail, le brevet etc.

Du côté cédant :

Le vendeur du fonds de commerce est soumis à l’impôt sur les bénéfices, au paiement de la TVA et à l’acquittement de la CET (Contribution Économique et Territoriale).

L’impôt sur les sociétés ou l’IS :

elle est acquittée lorsque le cédant réalise une plus-value sur la cession de son fonds de commerce. C’est-à-dire lorsque le prix de vente est supérieur à la valeur du fonds de commerce.
La plus-value peut être exonérée plusieurs raisons : un départ à la retraite, en fonction du montant des recettes de l’entreprise ou encore en fonction du prix de cession du fonds de commerce à condition que l’activité soit exercée dans l’entreprise pendant au moins 5 ans.

Selon la valeur du fonds transmis :

  • Exonération totale, lorsque le prix de cession est inférieur à 500 000 euros.
  • Lorsque le prix de cession est compris entre 500 000 et 1 000 000 euros, l’exonération est partielle.
  • Aucune exonération si le prix de cession est supérieur à 1 000 000 euros.

Pour un départ à la retraite :

  • Le cédant doit avoir exercé l’activité pendant au moins 5 ans ;
  • Faire valoir ses droits à la retraite dans un délai de deux ans suivant la cession du fonds ;
  • L’entreprise doit être soumise au régime fiscal de l’impôt sur le revenu ; comprendre moins de 250 salariés et réalisé un chiffre d’affaires annuel inférieur à 50 millions d’euros ou un total de bilan inférieur à 43 millions d’euros.

La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) :

La cession d’un fonds de commerce est soumise à la TVA à condition que le vendeur soit assujetti à la TVA. Dans le cas contraire, le cédant peut être exonéré s’il est redevable à la TVA et si la cession porte sur l’intégralité du fonds.

La contribution économique et territoriale (CET) :

La contribution économique et territoriale est composée de la cotisation foncière des entreprises (CFE) et de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Si la cession est conclue au 1er janvier de l’année, elle est acquittée par le repreneur. Et si elle a lieu en cours d’année elle est acquittée par l’exploitant le propriétaire du fonds.

Le dispositif du crédit-vendeur :

Uniquement possible pour les PME qui emploient moins de 50 salariés avec un total de chiffres d’affaires annuel ou de bilan inférieur à 10 millions d’euros. Ce dispositif permet au cessionnaire de faire un paiement échelonné du fonds de commerce. Dans ce cas, le cédant bénéficie également d’un paiement différé de l’IS relevant de la plus-value de cession.

Du côté repreneur :

Les droits d’enregistrement :

Ils représentent les droits ou frais à payer pour l’enregistrement du fonds de commerce. Cet enregistrement est effectué auprès du service des impôts. Le cessionnaire doit dans ce cas se munir des éléments suivants :

  • L’acte de cession de l’entreprise en 2 exemplaires ;
  • Le formulaire de déclaration de mutation du fonds de commerce en 3 exemplaires ;
  • Le formulaire de déclaration de l’état du matériel et des marchandises cédées en 3 exemplaires également.

Les droits d’enregistrement qui sont à la charge du repreneur dépendent du prix de cession du fonds de commerce.

  • Si la valeur du fonds de commerce est inférieure à 23 000 euros, le repreneur ou cessionnaire ne paiera aucune somme.
  • Si la valeur du fonds est entre 23 001 et 200 000 euros, le cessionnaire devra payer des frais équivalent à 3%.
  • Si la valeur du fonds est supérieure à 200 00 euros, les frais représentent alors 5%.

N.B En cas de vente de marchandises neuves, celles-ci sont exonérées de droits d’enregistrement.

La solidarité du repreneur

Le cessionnaire peut être responsable avec le cédant de l’acquittement de l’IS sur les bénéfices réalisés pendant l’exercice de la cession.

Pour terminer, il faut retenir que le régime fiscal de la cession d’un fonds de commerce dépend de chaque pays et de la partie dont vous représenter cédant ou repreneur.

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Salamata DIALLO

Qu’est-ce que la valorisation d’entreprise ?

1) C’est quoi la valorisation d’une entreprise ?

La valorisation consiste à évaluer une entreprise afin de connaitre sa valeur patrimoniale ou ce qu’elle vaut sur le marché . La valorisation ne résulte pas d’un simple calcul à la portée de tout le monde. Dans la plupart des cas, il faut faire appel à des professionnels et des outils pour effectuer les retraitements nécessaires à partir des documents comptables.

2) Quand et pourquoi valoriser son entreprise ?

Valoriser une entreprise peut se faire à toutes les étapes de la vie de celle-ci. Elle peut être réalisée dans différents cas :

  • Lorsque le dirigeant souhaite simplement connaitre la valeur de son entreprise à un instant donné;
  • Lorsqu’il souhaite céder son entreprise;
  • Lorsqu’il souhaite acquérir une autre entreprise pour élargir son activité à partir d’opérations de fusion-acquisition;
  • A l’occasion de l’établissement des comptes annuels de la société;
  • Ou tout simplement lorsqu’il prépare son départ à la retraite.

3) Qu’est-ce qu’on valorise dans une entreprise ?

Dans une entreprise, on peut calculer sa performance économique et financière et sa capacité à créer de la valeur. C’est cette valorisation qui permet de déterminer une fourchette de prix sur le marché. On peut aussi valoriser ses actifs, le fonds de commerce ou encore le fonds commercial. En définitive, il s’agit d’évaluer ce que valent les éléments constitutifs l’entreprise.

4) La valorisation est faite par qui ?

Le plus souvent, on fait appel à des professionnels pour valoriser une entreprise comme les experts-comptables, les professionnels et intermédiaires de la transmission. Ces professionnels utilisent généralement des outils dédiés pour faire de la valorisation. Chaque entreprise étant unique, cette démarche donne lieu à un accompagnement personnalisé.

5) Quelles sont les méthodes de valorisation d’une entreprise ?

Il est utile de rappeler qu’il y a plusieurs méthodes pour évaluer une entreprise. Les deux principales approches en matière de valorisation sont celle dite patrimoniale et celle par la rentabilité.

L’approche patrimoniale consiste à valoriser le patrimoine de l’entreprise et l’approche par la rentabilité se compose de plusieurs autres méthodes.

  • L’approche patrimoniale: Cette méthode se sert du bilan pour valoriser l’entreprise. En partant de l’actif et du passif, on effectue un certain nombre de retraitements pour obtenir la valeur nette de l’entreprise pour déterminer l’actif net comptable corrigé. Cette méthode est à la base de l’évaluation par le Goodwill encore appelée méthode d’évaluation mixte.
  • L’approche par la rentabilité: Cette méthode utilise la performance économique financière de l’entreprise et permet de déterminer sa valeur grâce à plusieurs indicateurs.

Ces indicateurs sont les suivants :

Veuillez cliquer sur chaque indicateur pour avoir les détails:

Il faut enfin savoir que la valorisation d’une entreprise dépend de son secteur d’activité mais aussi de sa taille. Par exemple, à taille égale, une entreprise industrielle à forte intensité capitalistique n’aura pas la même valeur qu’une entreprise de négoce.

En définitive, ce qu’il faut retenir dans le cadre d’une cession ou d’une acquisition, et ce, quelle que soient les méthodes utilisées, c’est que la valorisation est le pilier fondamental du projet. Une valorisation mal faite influencera outre le prix d’achat ou de cession, les relations entre cédant et repreneur et pourra même avoir des conséquences fiscales en cas de sous évaluation.

Salamata DIALLO