L’importance du commissaire aux apports dans la constitution d’une société ou lors d’une augmentation de capital

Lors de la création d’une société ou à l’occasion d’une augmentation de capital, le capital social peut être constitué par deux types d’apports : les apports en numéraire et les apports en nature. Si les apports en numéraire, correspondant à des sommes d’argent, sont facilement vérifiables, les apports en nature, qui concernent des biens matériels ou immatériels, nécessitent une évaluation rigoureuse. C’est dans ce cadre qu’intervient le commissaire aux apports, professionnel indépendant chargé de garantir l’équité et la justesse de cette évaluation.

1. Comprendre les apports en numéraire et en nature

  • Apport en numéraire : une évaluation objective

L’apport en numéraire consiste en un versement d’argent sur le compte bancaire de la société en formation. Son évaluation est immédiate et incontestable : il suffit de vérifier le dépôt effectif des fonds, attesté par un certificat bancaire. Aucun contrôle supplémentaire n’est requis, car la somme est définie de manière précise et vérifiable.

  • Apport en nature : une évaluation technique et experte

L’apport en nature concerne tout bien autre que de l’argent : biens immobiliers, matériel, brevets, parts sociales d’autres sociétés, stocks, etc. Ces éléments n’ont pas de valeur intrinsèque universelle et leur estimation repose sur des critères spécifiques. Une évaluation erronée pourrait créer des déséquilibres entre les associés ou actionnaires, d’où la nécessité d’une expertise impartiale.

2. La mission du commissaire aux apports : évaluer les apports en nature

Le commissaire aux apports est mandaté pour vérifier et attester la valeur des apports en nature. Son rôle est essentiel pour garantir l’équité entre les associés et assurer une répartition du capital conforme à la réalité économique.

Le commissaire aux apports procède donc à :

  • Une évaluation indépendante des apports en nature afin d’attester de leur valeur réelle.
  • Une analyse des biens apportés, qu’il s’agisse d’actifs matériels (immeubles, machines) ou immatériels (brevets, fonds de commerce).
  • L’élaboration d’un rapport détaillé, exposant les méthodes d’évaluation employées, les résultats obtenus et d’éventuelles réserves si des incohérences sont constatées.

Le commissaire aux apports intervient exclusivement sur les apports en nature. Les apports en numéraire, étant directement vérifiables par le biais des documents bancaires, ne requièrent pas son intervention.

3. La protection des associés et des tiers

L’intervention du commissaire aux apports répond à un impératif de transparence et de sécurité. Une mauvaise évaluation des apports en nature peut entraîner des conséquences préjudiciables, telles que :

  • Une surévaluation des biens permettant à un apporteur d’obtenir une part exagérée du capital au détriment des autres associés.
  • Une sous-évaluation injustifiée, portant préjudice à l’apporteur et biaisant la valorisation de la société.
  • Des répercussions sur la solvabilité de l’entreprise, qui peut se retrouver fragilisée si ses actifs sont mal estimés.

Le commissaire aux apports garantit ainsi une évaluation impartiale et précise, prévenant tout risque de litige et renforçant la confiance des partenaires et investisseurs.

4. Une sécurité juridique renforcée

Au-delà de l’évaluation économique, le commissaire aux apports joue un rôle clé dans la sécurité juridique de l’opération. Son rapport constitue une preuve de la sincérité des apports en nature et assure la conformité de la constitution de la société avec la réglementation en vigueur.

Une évaluation erronée pourrait en effet entraîner :

  • Des contestations judiciaires mettant en cause la validité des actes constitutifs de la société.
  • Des redressements fiscaux, notamment en cas de sous-évaluation intentionnelle d’actifs.
  • Une instabilité entre les associés, nuisible à la gouvernance et au développement de l’entreprise.

Ainsi, le recours à un commissaire aux apports constitue une garantie de conformité et de transparence, tant sur le plan juridique que financier.

Conclusion

Le commissaire aux apports joue un rôle fondamental dans la constitution d’une société faisant appel à des apports en nature. Son expertise permet d’assurer une évaluation juste et équitable, protégeant ainsi les intérêts des associés, des investisseurs et des tiers. Tandis que les apports en numéraire sont directement vérifiables, les apports en nature requièrent une analyse approfondie pour éviter tout risque de surévaluation ou de sous-évaluation.

Notre équipe est à votre disposition pour vous accompagner dans vos opérations d’apports en capital et vous garantir un processus conforme aux exigences réglementaires.

Pour plus d’informations sur les missions d’opérations capitalistiques, consultez notre site BUNDLES, dédié aux commissariats aux apports, transformations, fusions et pactes Dutreil.

Marc-Olivier CAFFIER

Expert-Comptable & Commissaire aux comptes Cabinet MO3C

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Valorisation des fonds de commerce : L’importance du séquestre du prix de cession (Partie 1)

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La Prime de Partage de la Valorisation de l’Entreprise (PPVE) : Les dernières mesures nécessaires à la mise en œuvre opérationnelle de la loi ont été publiées.

Avec l’entrée en vigueur de la loi n°2023-1107 du 29 novembre 2023 et la publication au JO des 2 décrets d’application, les entreprises françaises disposent désormais d’un cadre législatif pour mettre en place une prime de partage de la valorisation de l’entreprise (PPVE). Ce dispositif novateur vise à renforcer l’engagement des salariés en les associant directement à la réussite économique de leur entreprise. Cet article se propose de détailler les modalités, les avantages et les obligations liés à la mise en œuvre de cette prime.

Qu’est-ce que la Prime de Partage de la Valorisation de l’Entreprise (PPVE) ?

La PPVE est une prime versée aux salariés d’une entreprise en fonction de l’augmentation de la valeur de cette dernière sur une période déterminée. Ce mécanisme permet de partager les gains de productivité et de croissance avec l’ensemble des collaborateurs, offrant ainsi une reconnaissance financière directe de leur contribution à la performance de l’entreprise.

1) Conditions d’éligibilité et durée

Éligibilité des salariés

Tous les salariés ayant au moins un an d’ancienneté dans l’entreprise sont éligibles à la PPVE, sauf disposition contraire prévue dans l’accord. Les employés atteignant l’ancienneté requise en cours de plan ne sont pas exclus mais ne bénéficient pas de la prime s’ils quittent l’entreprise avant la fin de la période de trois ans du plan.

Durée du plan

Le plan de partage de la valorisation de l’entreprise est établi pour une durée de trois ans. Durant cette période, la valeur de l’entreprise est évaluée à deux dates spécifiques :

  • Date de Départ : Fixée par l’accord au début de la période (par exemple, 1er janvier 2025).
  • Date de Fin : Trois ans plus tard (par exemple, 31 décembre 2027).

2) Mise en Place du Plan

Négociation et Accord

La mise en place du plan de partage de la valorisation de l’entreprise nécessite un accord, qui peut être obtenu par :

  • Une convention ou un accord collectif de travail.
  • Un accord entre l’employeur et les représentants des syndicats.
  • Un accord au sein du comité social et économique.
  • La ratification par les deux tiers du personnel en l’absence de représentants syndicaux ou de comité social et économique.

Dépôt de l’Accord

L’accord doit être déposé auprès de l’autorité administrative compétente via une plateforme de téléprocédure. Ce dépôt inclut :

  • La version signée de l’accord.
  • Les documents justificatifs des conditions de l’accord.

3) Calcul et Versement de la Prime

Détermination de la Valeur de l’Entreprise

Pour les sociétés non cotées, la valorisation est déterminée par une formule précisée dans l’accord, prenant en compte :

  • La situation nette comptable.
  • La rentabilité.
  • Les perspectives d’activité.
  • Des comparaisons sectorielles si approprié.

Calcul de la Prime

Le montant de la prime pour chaque salarié est calculé en appliquant le taux de variation de la valeur de l’entreprise au montant de référence individuel :

  • Montant de Référence : Fixé en fonction de la rémunération, du niveau de classification, ou de la durée de travail prévue au contrat.
  • Taux de Variation : Correspond au pourcentage de croissance de la valeur de l’entreprise entre les deux dates d’évaluation.

Exemple de Calcul

Supposons un salarié avec un montant de référence de 2000 € :

  • Valeur Initiale de l’Entreprise : 5 millions €
  • Valeur Finale de l’Entreprise : 6 millions €
  • Taux de Variation : 20 %

La prime attribuée sera : 2000 € * 20 % = 400 €

Modalités de Versement

Les primes doivent être calculées et arrêtées dans un délai de sept mois après la fin de la période d’évaluation (par exemple, jusqu’au 31 juillet 2028), et peuvent être versées en une ou plusieurs fois au cours des douze mois suivants (par exemple, jusqu’au 31 juillet 2029).

4) Exonérations et Obligations Fiscales

Exonérations Sociales

Les primes de partage de la valorisation sont exonérées de cotisations sociales dans certaines limites. Elles ne peuvent se substituer à d’autres éléments de rémunération en vigueur dans l’entreprise.

Contribution à la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse

Une contribution spécifique est due sur les primes versées, calculée et recouvrée selon les modalités applicables aux cotisations sociales.

5) Informations et Transparence

Information des Salariés

Les salariés doivent être informés du montant de la prime attribuée, des possibilités d’affectation à un plan d’épargne salariale ou à un plan d’épargne retraite, ainsi que des délais pour formuler leur demande.

Fiche Distincte

Chaque somme versée au titre de la prime fait l’objet d’une fiche distincte du bulletin de paie, mentionnant :

  • Le montant attribué.
  • Les retenues opérées.
  • Les options d’affectation et les délais associés.

Conclusion

La mise en place de la Prime de Partage de la Valorisation de l’Entreprise représente une opportunité unique pour les entreprises de renforcer l’engagement de leurs salariés en les associant directement à leur succès économique. En suivant les étapes et les modalités prévues par la loi n°2023-1107 du 29 novembre 2023, les entreprises peuvent créer un environnement de travail plus équitable et motivant, tout en bénéficiant d’exonérations fiscales avantageuses.

Plus d’articles :

Plan de partage de la valorisation de l’entreprise : informations aux salariés et affectation sur un plan d’épargne.

2024 : Mise en place du PPVE Plan de partage de la valorisation d’entreprise.

Projet de décret : modalités de mise en place du Plan de Partage de la Valorisation de l’Entreprise (PPVE)

Suite à la parution de la nouvelle loi du 29 Novembre 2023 visant la mise en place d’un système de partage de la valeur de l’entreprise avec les salariés, un second projet de décret viendra préciser les modalités de dispositif.

Plan de partage de la valorisation de l’entreprise : informations aux salariés et affectation sur un plan d’épargne

Selon le projet de décret, les entreprises dotées d’un plan d’épargne devront informer les salariés des sommes versées en application du plan via une fiche distincte du bulletin de paie. Cette fiche mentionnera :

  • Le montant de référence attribué à chaque salarié, ainsi que le critère de modulation appliqué, le cas échéant ;
  • Le montant de la prime attribuée au salarié ;
  • La retenue au titre de la CSG-CRDS ;
  • La possibilité d’affecter la somme sur un plan d’épargne (PEE ou PER) ;
  • Le délai pour demander cette affectation ;
  • Le délai à partir duquel les droits issus de cet investissement sont négociables ou exigibles, ainsi que les cas où ces droits peuvent être exceptionnellement liquidés ou transférés avant ce délai ;
  • Une note en annexe rappelant les règles de calcul et de modulation du montant de référence prévues par le plan.

Les salariés disposeront d’un délai de 15 jours à compter de la réception de la fiche pour demander l’affectation des sommes sur un PEE ou un PER.

En cas de départ du salarié

Si un salarié quitte l’entreprise après l’expiration du délai de 3 ans mais avant le calcul et le versement de la prime, l’employeur devra lui demander son adresse et toute mise à jour de celle-ci. Si le salarié reste injoignable, les sommes lui revenant seront tenues à sa disposition pendant un an à compter de la date limite de versement de la prime. Passé ce délai, le salarié devra s’adresser à la Caisse des dépôts.

Pour bénéficier des exonérations, l’accord doit être déposé auprès de l’administration via la plateforme de téléprocédure « TéléAccord », avec la version signée par les parties.

Si le plan est mis en place par accord collectif, il faudra également déposer :

  • Une copie du courrier ou récépissé daté de notification du texte à toutes les organisations représentatives ;
  • Le procès-verbal des résultats du vote pour les accords soumis à l’approbation des salariés.

L’administration dispose de 3 mois à compter de la réception du dossier complet pour demander le retrait ou la modification des clauses contraires à la législation.

Consulter l’article de loi du 29 Novembre 2023

Utilisation des applications valorisation financière.

L’évaluation d’entreprise, une discipline complexe et fondamentale dans la finance d’entreprise, requiert une attention méticuleuse aux détails et une profonde compréhension des paramètres économiques et financiers. Historiquement, cette pratique a fait appel à des méthodes éprouvées comme l’actualisation des flux de trésorerie ou les multiples de valorisation. Cependant, malgré leur efficacité théorique, ces méthodes peuvent être chronophages et sujettes à des erreurs, d’où l’importance croissante d’intégrer des outils technologiques avancés tels les applications ou logiciels de valorisation.

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Réduction significative du temps d’analyse sur la valorisation par l’application

Les algorithmes, en automatisant les calculs nécessaires pour les évaluations, permet aux analystes de se concentrer sur l’interprétation des données plutôt que sur leur génération. Cela réduit considérablement le temps passé à effectuer des calculs manuels. Souvent fastidieux et susceptibles d’erreurs, ils n’augmentent pas la précision des analyses. Par exemple, l’intégration de données actualisées dans le logiciel de valorisation en temps réel permet de réajuster les projections et les scénarios de manière agile, offrant ainsi une vue plus dynamique et pertinente de la valeur de l’entreprise.

Priorité à l’analyse stratégique plutôt qu’au calcul !

L’outil flash encourage une approche plus stratégique de l’évaluation, conforme à l’idée que « l’évaluation d’entreprise. La priorité est à l’analyse, pas au résultat ! En déchargeant les analystes du fardeau des calculs, l’application vous donne du temps. Enfin l’espace nécessaire pour explorer divers scénarios de marché et anticiper des événements tels que des changements dans le climat économique ou des innovations disruptives. Cela permet une meilleure préparation aux impacts potentiels sur la valeur de l’entreprise et une gestion plus proactive des risques.

Hygiène cognitive et réduction des biais par l’application connectée aux bases.

Avec un processus d’évaluation peut être structuré de manière à réduire les biais cognitifs, en garantissant que chaque paramètre et chaque donnée soient scrutés objectivement. En automatisant certaines parties de l’analyse, les logiciels aident à maintenir une « hygiène cognitive ». Essentielle pour prévenir les erreurs de jugement souvent dues à des biais de confirmation ou à d’autres interférences psychologiques. Le logiciel vous propose un multiple sectoriel. Puis vous pouvez ensuite réajuster. En un regard retrouver sur un maps le positionnement des prix de transaction des sociétés.

Calculateur de l’application ou évaluation manuelle par EXCEL?

En conclusion, l’utilisation de calculateur dans les processus d’évaluation d’entreprise n’est pas seulement une question de rapidité ou d’efficacité. Il s’agit d’une révolution dans la manière dont les analyses sont menées. L’analyste met l’accent sur l’analyse plutôt que sur le simple calcul. Les logiciels intégrés à la production comptable permettent aux évaluateurs de se concentrer sur ce qui est vraiment important. La stratégie et la valeur à long terme : exemple valorisation des titres ou du fons de commerce. Ainsi l’évaluation d’entreprise peut réellement servir de pilier à une gestion avisée et informée. Elle s’aligne sur les réalités complexes et changeantes du monde des affaires moderne.

Franck ALLARD LATOUR

Editeur de logiciels et applications